Rétrospective
Au Palais du Louvre où les artistes sont rois, par Sophie Chauveau
Le Centre, Eglise française réformée, Holbeinplatz 7 à Bâle.
De 1608 à 1806, de Henri IV qui les installe dans la Grande Galerie qu’il construit à Napoléon qui les chasse pour créer son Musée, le Louvre va héberger gracieusement tout ce que la France reconnaît comme artistes, penseurs ou savants, à condition qu’ils en émettent le désir, et bien sûr soient agréés. Les premiers n’étaient encore que des gueux. Versailles et les démonstrations d’amitié du Roi Soleil font des artistes les mieux en cour des personnages respectés – on les surnommait Les Illustres. Va se jouer là, dès le Grand Siècle, le sort du pays, la Révolution y est en germe. Ça commence avec Watteau et Poussin, dignes représentants de la lignée des touche-à-tout de génie hérités de la Renaissance, pour finir avec David, sans oublier Greuze et Fragonard, Chardin et Boucher. Y sont installés aussi les cinq Académies, puis la Constituante et autres Comités et clubs révolutionnaires qui y administrent la Révolution, enfin la Guillotine sous les fenêtres du Palais… À la fois palais et cloaque, au Louvre fermente l’avenir. Toutes les têtes pensantes du XVIII siècle ont des amis qui y séjournent. On croise Diderot et d’Alembert, Lavoisier et Sedaine… sans parler des artistes qui y vivent en dépit de l’interdit royal d’y mourir… Dans la pénombre ce palais quasiment en ruine naît le siècle des Lumières. Sophie Chauveau nous en brossera le portrait, la mise en place, la gloire, les ruines et la chute….
Journaliste, scénariste, animatrice de revues, metteur en scène, comédienne et surtout écrivain, cette femme passionnée et passionnante au passé militant bien rempli est l’auteur de 18 livres, trois pièces de théâtre, et de nombreux écrits sur l’art. On lui doit entre autres une « autobiographie » d’Hélène de Troie et un essai sur le sourire. Après sa trilogie très remarquée sur les peintres de la Renaissance italienne : La Passion Lippi, Le Rêve Botticelli, L’Obsession Vinci, et une superbe biographie romancée de Diderot en deux volumes : Diderot, le génie débraillé, elle vient de publier chez Télémaque un roman tout aussi épique sur la vie de Fragonard : Fragonard, l’invention du bonheur. Dans l’environnement mouvementé du XVIIIe siècle finissant et de la Révolution qu’elle y ressuscite, la communauté d’artistes au Louvre prend un relief saisissant…
Conférence suivie d’un verre.
Participation aux frais pour les non membres : 10 CHF, étudiants 5 CHF.