Rétrospective

Claude Goretta et le Groupe 5, les doux dingues du « Nouveau cinéma suisse »

Claude Goretta et le Groupe 5, les doux dingues du « Nouveau cinéma suisse »

Stadtkino Basel.

Nous sommes associés à cet hommage à Claude Goretta et à ses complices du « Groupe 5 » que présente le Stadtkino Basel et pour laquelle nos membres bénéficient d’une réduction de 50 % (sur présentation de la carte de membre à jour).

Venus de la télévision suisse romande, ces cinéastes s’unirent en 1968 pour fonder leur propre société de production. Leurs premières œuvres, très originales et engagées, firent rapidement connaître le "Nouveau cinéma suisse" sur le plan international et plus particulièrement à Paris où le cinéma St-André-des-Arts diffusa pendant plusieurs mois "La Salamandre d’Alain Tanner". Ce film culte est présent, bien sûr, dans la sélection, comme "Charles Mort ou vif", toujours de Tanner, Léopard d’Or du Festival de Locarno en 1969, "Les Arpenteurs" de Michel Soutter, qui représenta la Suisse au festival de Cannes en 1972, et "L’Invitation" de Claude Goretta qui y remporta le Prix du Jury en 1973. De tempérament très différent, tous s’attachent à dépeindre des personnages plus ou moins, et souvent très, en marge de la société. Etranges, comme ceux de Michel Soutter, le poète et rêveur du groupe. Ou un brin anarchistes, comme ceux d’Alain Tanner, la « tête politique » (à qui le Stadtkino a déjà consacré un bel hommage en 2009). On dotés d’une « sensibilité plus riches que leurs moyens de l’exprimer », comme Goretta l’a dit des siens…

Comme Tanner, Goretta se détacha assez rapidement du lot, accédant aux coproductions internationales, qui lui permirent de réaliser "Pas si méchant que ça" (1974), "La Dentellière" (prix du jury œcuménique au festival de Cannes, 1977), ou "La provinciale" (1981). "La mort de Mario Ricci" (1983) ou "Si le soleil ne revenait pas", d’après Ramuz (1987), connurent une large diffusion internationale. Depuis une dizaine d’années, il se consacre essentiellement à la télévision.

Au programme:

•CHARLES MORT OU VIF, d’Alain Tanner (1969), avec François Simon, Marcel Robert, Marie-Claire Dufour, André Schmidt, Maya Simon. Léopard d’Or au festival international du film de Locarno. Un quinquagénaire abandonne son entreprise pour une vie de bohème qui le revivifie. Son fils ne comprend pas et le fait interner. Samedi 11 mai à 20h, vendredi 17 à 15h15, lundi 27 à 18h30.

BLACK OUT, de Jean-Louis Roy (1970). Avec Marcel Merminod, Lucie Avenay, Marcel Imhoff, Georges Wod, Robert Bachofner. Un couple de retraités, craignant une détérioration imminente de la situation internationale, transforme son appartement en un énorme dépôt de nourriture pour résister plus longtemps à un danger purement fictif. Lundi 3 juin à 18h30.

JAMES OU PAS, de Michel Soutter (1970). Avec Harriett Ariel, Jean-Luc Bideau, Serge Nicoloff, Nicole Zufferey, Jacques Denis. Un chauffeur de taxi rencontre un étrange personnage, du nom de James, qui lui rappelle un ami qu’il a connu enfant et entretient avec lui d’étranges rapports. Le film qui, par sa par sa sélection à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1970, marquera le surgissement du Nouveau cinéma suisse au niveau international. Vendredi 7 juin à 22h15, samedi 8 à 15h15, dimanche 9 à 18h.

LE FOU, de Claude Goretta (1970). Avec François Simon, Camille Fournier, Arnold Walter, Pierre Walker, André Neury. Employé modèle, George Plond est mis à la retraite anticipée après une attaque cardiaque et perd ses économies à cause d’un mauvais placement. Il s’enfonce alors dans l’isolement et se venge de la société en commettant des vols toujours plus audacieux. Pour son premier long métrage de cinéma, Claude Goretta filme la fuite en avant d’un citoyen au-dessus de tout soupçon dans une Suisse étouffante à l’envi. En avant-programme : NICE TIME, d’Alain Tanner et Claude Goretta (1957), leur premier film, un documentaire de 17 minutes sur Picadilly la nuit, réalisé dans le cadre du British Film Institute de Londres, qui obtint le Prix du film expérimental au Festival de Venise 1957. Mercredi 1er mai à 18h30, lundi 6 à 21h, dimanche 12 à 13h15.

LA SALAMANDRE, d’Alain Tanner (1971). Avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau, Jacques Denis. Un reporter exubérant et un écrivain bougon enquêtent sur une jeune femme effrontée soupçonnée d’avoir tiré sur son oncle. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, premier succès public d’Alain Tenner, ce fut le film fétiche de toute une génération marquée par les années 60,. Les vendredis 3 mai à 20h et 10 mai à 22h15, jeudi 16 à 18h30.

LES ARPENTEURS, de Michel Soutter (1972). Avec Jean-Luc Bideau, Michel Cassagne, Jacques Denis, Marie Dubois, Armen Godel, Germaine Tournier. Chassé-croisé amoureux, quiproquos, un film emblématique du cinéma suisse des années 70. Libre, absurde, ludique, automnal, somnambule, drôle, affranchi de toute linéarité. Arpenter, c’est « marcher de long en large à grandes enjambées entre les maisons, les gens et les sentiments », indique un carton à la fin du film… Sélection officielle au festival de Cannes 1972, Grand prix du Festival de Dinard 1972. Samedi 11 mai à 15h15, jeudi 23 à 21h, samedi 8 juin à 17h30.

L’INVITATION, de Claude Goretta (1973). Prix du Jury au Festival de Cannes 1973. Avec Jean-Luc Bideau, Michel Robin, François Simon. Un vieux garçon timide et scrupuleux, employé modèle, hérite d’une superbe propriété à la mort de sa mère à l’ombre de laquelle il a toujours vécu. Il invite ses collègues et chefs de bureau dans sa nouvelle demeure. Au cours de la réception, l’alcool délie les langues et les coeurs, et chacun se montre sous son véritable visage. Une brillante satire sociale, plombée par un final sans appel, où les conventions hypocrites explosent le temps d’une fête qui dégénère. Mercredi 8 mai 20h30, vendredis 10 et 17 mai à 17h30.

PAS SI MÉCHANT QUE ÇA, de Claude Goretta (1974). Avec Gérard Depardieu, Marlène Jobert, Dominique Labourier. Marié et père d’un petit garçon, Pierre se décide à commettre un hold-up pour sauver son ébénisterie de la faillite. Au cours de l’opération, il rencontre Nelly qui devient sa complice… Poétique et subversif, ce troisième long métrage du cinéaste désamorce le film d’action attendu en traitant le fait divers dont il s’inspire sur un mode presque onirique. «Tout doucement, Goretta nous amène à considérer le hold-up comme la seule issue au marasme de l’artisanat et la bigamie comme la meilleure manière de préserver l’harmonie conjugale! Et c’est le plus gaiement du monde qu’il nous emmène au fond d’une impasse où la réalité se referme comme un piège sur les doux rêveurs (dés)armés et où chacun, surtout chacune, est renvoyé à sa solitude» (Roland Duval, Ecran 75). Vendredi 3 mai à 17h30, samedi 4 à 22h15, lundi 13 à 21h.

LA DENTELLIÈRE, de Claude Goretta (1977). Prix de Jury Œcuménique au Festival de Cannes 1977. Avec Isabelle Huppert, Yves Beneyton, Florence Giorgetti. Le film qui lança Isabelle Huppert et valut à Goretta un succès international. Une jeune apprentie coiffeuse réservée et timide tombe amoureuse d’un étudiant aussi timide qu’elle, mais ambitieux et d’un milieu aisé, rencontré en vacances. Leur brève cohabitation tourne court, elle s’efface en silence et finit à l’hôpital psychiatrique. Samedi 18 mai à 20h, dimanche 19 à 15h15, vendredi 24 à 17h30.

LES PETITES FUGUES, de Michel Yersin (1979). Avec Michel Robin, Fabienne Barraud, Fred Personne, Dore De Rosa, Mista Préchac. Sélection officielle Cannes 1979 (Un certain regard). Dans une ferme du canton de Vaud où le temps semble s’être arrêté, le vieux valet de ferme, qui depuis plus de trente ans est symbole de fidélité et de travail bien fait, décide de s’acheter un vélomoteur avec sa rente vieillesse. il s’émancipe et découvre le monde autour de lui. Au cours de six « petites fugues », il participe à un motocross, se saoule, photographie son environnement au Polaroid, et s’offre une envolée en hélicoptère au-dessus du Cervin. Jeudi 2 mai à 21h, dimanche 12 à 20h, samedi 18 à 15h.

LA PROVINCIALE, de Claude Goretta (1981). Avec Nathalie Baye, Bruno Ganz, Angela Winkler. Une jeune provinciale débarque à Paris. Seule et sans argent, elle peine à trouver un emploi. Le portrait d’une femme sans défense dans un monde qui n’est pas fait pour les faibles, mais où luit encore une lueur d’espoir. Le cinéaste dresse le tableau pointilliste d’une «société crépusculaire» dans un film sensible, pudique, secret et lucide. Vendredi 7 juin à 20h, jeudi 13 à 18h, dimanche 16 à 16h.

LA MORT DE MARIO RICCI, de Claude Goretta (1983). Avec Heinz Bennent, Magali Noël, Gian Maria Volonté (prix d’interprétation à Cannes). Un journaliste va interviewer le spécialiste du tiers monde Henri Kremer dans un patelin du Jura où il s’est retiré et où la mort d’un ouvrier italien réveille les rancœurs. Sous un calme apparent couvent le racisme et la violence… Vendredi 7 juin à 15h et lundi 6 à 18h30.

SI LE SOLEIL NE REVENAIT PAS, de Claude Goretta (1987) Avec Philippe Léotard, Catherine Mouchet, Charles Vanel. Dans un village de montagne privé de soleil en hiver, un vieux rebouteux qui prédit la fin du monde suscite incrédulité, rage et désespoir… Une œuvre épurée à la lisière du fantastique, d’après le roman de Ramuz, qui y trouve des résonances contemporaines avec ces grandes peurs dans la société moderne que sont « le cancer, le nucléaire, le chômage, la solitude, l’agonie de la nature »… Vendredi 24 mai à 15h15, lundi 3 juin à 21h, mercredi 5 juin à 18h30.