Rétrospective

Hommage à Robert Bresson. Stadtkino Basel

Hommage à Robert Bresson. Stadtkino Basel

Nous sommes associés à cette série de films que présente le Stadtkino Basel et pour laquelle nos membres bénéficient d’une réduction de 50 % (sur présentation de la carte de membre à jour).

De Bresson, Jean-Luc Godard a écrit : "Il était le cinéma français comme Dostoïevski le roman russe, comme Mozart la musique allemande." Et Marguerite Duras: "Bresson est un très grand metteur en scène, l’un des plus grands qui aient jamais existé". Pourtant, en quarante ans de carrière, ce géant résolument hors normes, mort en 1999 à 98 ans, que Georges Sadoul, dans son "Dictionnaire du cinéma", qualifiait de "janséniste du cinéma", n’aura tourné que 13 films (dont douze sont dans la rétrospective). Ce qui ne l’a pas empêché de profondément marquer l’histoire du cinéma. Avec lui, la narration évolue, le hors-champ bénéficie d’une place primordiale, et image et son doivent être traités à la même échelle. Il se distingue en refusant la notion de "cinéma", préférant évoquer celle de "cinématographe", qu’il définit comme "une écriture avec des images en mouvement et des sons". Dès son troisième film, il renonce aux comédiens professionnels, préférant des "modèles" dont il peut contrôler chaque geste. Inclassable mais majeur, tellement à part qu’il ne peut être lié à aucun véritable mouvement, il a poursuivi une carrière exempte de compromis. Ce qui ne l’a pas empêché d’être primé trois fois à Cannes, Ours d’Argent à Berlin, Lion d’or d’honneur à Venise.

Au programme de la série :

LES ANGES DU PÊCHÉ (1943), avec Renée Faure, Jany Holt, Sylvie, Mila Parély, Marie-Hélène Dasté. Dialogué par Jean Giraudoux, ce premier film de Robert Bresson coproduit par les éditions Gallimard est une date dans l’histoire du "cinématographe", comme disait le réalisateur. Une orgueilleuse jeune fille du monde entre au couvent cloîtré de Bethanie, consacré au relèvement des filles perdues. Elle s’attache à l’une d’elles, délinquante rebelle, entre en conflit avec la supérieure, et ira jusqu’au sacrifice final pour la rédemption de sa protégée récalcitrante…. Vendredi 1er février à 15h15, mercredi 6 à 21h.

LES DAMES DU BOIS DE BOULOGNE (1945). Avec Paul Bernard, María Casares, Elina Labourdette, Lucienne Bogaert, Jean Marchat. Librement adaptée d’un conte de Diderot contenu dans Jacques le fataliste et son maître, l’histoire est une variation machiavélique du triangle amoureux : délaissée par son amant, une dame du monde décide de se venger en faisant en sorte qu’il tombe amoureux d’une ex-danseuse sans connaître son passé. L’histoire est transposée en 1943, ce qui crée parfois un léger décalage mais les très beaux dialogues de Jean Cocteau assurent la liaison par leur grand classicisme. Samedi 2 à 17h30, lundi 4 à 18h, jeudi 7 à 21h.

JOURNAL D’UN CURE DE CAMPAGNE (1951). Avec Claude Laydu, Nicole Ladmiral, Jean Riveyre, Adrien Borel, Rachel Bérendt. Un jeune prêtre chétif arrive dans sa première paroisse, un petit village du Nord de la France. Il brûle d’un grand enthousiasme mais se heurte à l’incompréhension de ses paroissiens. Considéré comme le chef-d’œuvre de Robert Bresson, cette adaptation du roman de Georges Bernanos nous plonge dans la désillusion apparente d’un homme malade et inadapté, animé d’une foi dévorante mais incapable de communiquer avec ses ouailles ; une vie brève que l’on regarde comme un chemin de croix. Le réalisme troublant du film, généré par une utilisation très habile des décors par Bresson, provient également du fait que presque tous les comédiens du film sont des débutants ou des non-professionnels. Grand succès lors de sa sortie en salles, le film a obtenu le prix Louis-Delluc en 1950 ainsi que le Prix international et le Prix de la meilleure photographie au Festival de Venise 1951. Dimanche 3 à 17h30, vendredi 8 à 20h, samedi 9 à 15h15.

UN CONDAMNE A MORT S’EST ECHAPPE ou LE VENT SOUFFLE OU IL PEUT (1956), d’après les Mémoires d’André Devigny. Avec François Leterrier, Charles Le Clainche, Maurice Beerblock, Roland Monod, Jacques Ertaud. En 1943, un résistant (Fontaine) est arrêté par les Allemands et emprisonné à la prison Montluc à Lyon. Ne se faisant aucune illusion sur son sort, il met tout en œuvre pour s’évader, imagine un plan, façonne une corde et des crochets avec tout ce qu’il trouve autour de lui. Un film de gestes et d’objets, un montage sonore très riche et d’une grande complexité, créant un réalisme impressionnant. Vendredi 1er à 20h, dimanche 3 à 15h30, samedi 9 à 17h30.

PICKPOCKET (1959), avec Martin LaSalle, Marika Green, Jean Pélégri, Dolly Scal, Pierre Leymarie. L’itinéraire d’un jeune homme solitaire, fasciné par le vol, qu’il élève au niveau d’un art, persuadé que certains êtres d’élite auraient le droit d’échapper aux lois. « Ce film n’est pas du style policier. L’auteur s’efforce d’exprimer, par des images et des sons, le cauchemar d’un jeune homme poussé par sa faiblesse dans une aventure de vol à la tire pour laquelle il n’était pas fait. Seulement cette aventure, par des chemins étranges, réunira deux âmes qui, sans elle, ne se seraient peut-être jamais connues. » C’est par ce texte que commence le film qui adapte et transpose très librement le roman de Dostoïevski Crime et châtiment. Un film d’objets et de bruits, avec des séquences d’anthologie, comme celle du portefeuille qui vole de mains en mains gare de Lyon. Les lundi 4 à 21h15, dimanche 10 à 13h30, mercredi 13 à 21h.

PROCES DE JEANNE D’ARC (1962). Avec Florence Delay, Jean-Claude Fourneau, Roger Honorat, Marc Jacquier, Jean Gillibert. Court (65 minutes), d’une densité exceptionnelle, avec pour seul dialogues un condensé des minutes du procès de condamnation de Jeanne d’Arc et de son procès en réhabilitation, un film d’une puissance rare, Prix spécial du Jury au Festival de Cannes 1962. L’échange (rapide, vif et tranchant) de questions-réponses entre Jeanne et son juge Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, y prend une force impressionnante. Les dimanches 10 février à 18h, 17 février à 13h30 et 24 février à 17h30.

AU HASARD BALTHAZER (1966), avec Anne Wiazemsky, Walter Green, François Lafarge, Jean-Claude Guilbert, Philippe Asselin. Les tribulations de l’âne Balthazar, de sa jeunesse choyé et cajolé chez les parents d’une petite fille, à sa mort d’une balle perdue au milieu d’un troupeau de moutons dans une bande de contrebandiers. Vendu de maître en maître, il retrouve périodiquement sa première propriétaire dont la vie ne sera pas plus réussie. "Je voulais que l’âne traverse un certain nombre de groupes humains qui représentent les vices de l’humanité. Il fallait aussi, étant donne que la vie d’un âne est très égale, très sereine, trouver un mouvement, une montée dramatique. C’est à ce moment que j’ai pensé à une fille, à la fille qui se perd". Vendredi 8 février à 15h15, lundi 11 à 18h30, dimanche 17 à 20h.

MOUCHETTE (1967), avec Nadine Nortier, Jean-Claude Guilbert, Marie Cardinal, Paul Herbert, Jean Vimenet. D’après le roman de Georges Bernanos. Une adolescente misérable et chêtive, solitaire, fille d’un ivrogne qui la brutalise, rencontre au retour de l’école un braconnier qui la viole. Elle se suicide par noyade dans un étang. Samedi 16 à 17h30, jeudi 21 à 21h, dimanche 24 à 13h30.

UNE FEMME DOUCE (1969), d’après une nouvelle de Dostoïevski. Avec Dominique Sanda, Guy Frangin, Jeanne Lobre, Claude Ollier, Jacques Kébadian. Une femme vient de se suicider. Son mari, devant la vieille servante, revit leur vie commune. Vendredi 22 à 22h15, samedi 23 à 20h.

QUATRE NUITS D’UN REVEUR (1971) avec Isabelle Weingarten, Guillaume des Forêts, Maurice Monnoyer, Lidia Biondi, Jérôme Massart. D’après « Nuits blanches », une nouvelle de Dostoïevski. Un peintre solitaire et rêveur raconte à son magnétophone sa rencontre, sur le Pont Neuf, avec une jeune fille qu’il a empêchée de se suicider. Quatre nuits de suite, ils se retrouvent au même endroit pour échanger leurs histoires. Parti aux Etats-Unis, l’amant de la jeune fille lui avait donné rendez-vous en ce lieu un an plus tard jour pour, jour, mais malgré son retour il n’est pas venu. Quand elle est prête à tomber amoureuse du peintre, son amant reparaît. Samedi 23 février à 223h15 et lundi 25 à 21h.

LANCELOT DU LAC (1974). Prix de la Critique internationale au Festival de Cannes. Avec Luc Simon, Laura Duke Condominas, Humbert Balsan, Vladimir Antolek-Oresek, Patrick Bernhard. Apres l’échec de la "quête du Graal", les chevaliers de la Table Ronde reviennent à la cour du roi Arthur. Parmi eux, Lancelot s’éprend de la reine Guenièvre et subit pour elle une série d’épreuves. Mais le jeu des passions conduira à l’anéantissement final d’Arthur et de ses chevaliers. Jeudi 14 février à 18h30, vendredi 15 à 15h15, lundi 25 à 18h30.

L’ARGENT (1983). Avec Christian Patey, Sylvie Van den Elsen, Michel Briguet, Vincent Risterucci, Caroline Lang. D’après une nouvelle de Tolstoï. Pour être entré en possession, tout à fait innocemment, d’un faux billet de 500 Fr., une jeune livreur va être victime d’une série d’injustices qui l’entraîneront au meurtre. Samedi 16 février à 22h15, vendredi 22 à 15h15, mercredi 27 à 21h.