Rétrospective

La nature de l’arbre dans l’œuvre de Penone, par Catherine Koenig

La nature de l’arbre dans l’œuvre de Penone, par Catherine Koenig

Vortragssaal, Kunstmuseum Basel, entrée Picassoplatz. Avec le Kunstmuseum, à l’occasion de l’exposition Arte Povera. Une révolution artistique.La collection Goetz (09/09/2012 – 03/02/2013).

Giuseppe Penone a fait partie de l’Arte Povera, mouvement italien des années soixante-dix. Dans l’œuvre de ce plasticien, les arbres, en bronze, en cristal, ou simplement évidés, réduits à leur cœur, leur âme, font souvent l’objet d’installations fascinantes, monumentales, énigmatiques, d’une poésie folle. C’est ce mystère que Catherine Koenig nous invite à déchiffrer.

Né à Turin en 1947, Penone travaille en une série ininterrompue des madriers de bois depuis les années soixante-dix. Il incise délicatement la fibre ligneuse en cherchant à retrouver la silhouette de l’arbre des premières années. Il remonte le fil du temps, plonge dans le végétal, détache l’objet-poutre utile et malléable sans identité et sans originalité de la chose-arbre qui marque dans l’aubier de son être la singularité de sa croissance. Le végétal apparaît en transparence comme un fossile, une empreinte du temps imprimée dans l’écorce vive. Au centre du tronc est dégagé la première silhouette de l’arbre, telle qu’elle fut les premières années, presque son essence, qui porte le témoignage des croissances primitives en une résurgence mélancolique.

Pourtant, l’œuvre de Giuseppe Penone révèle une mise en abîme prodigieusement intéressante: le métabolisme végétal n’a pas « d’enfance » au sens anthroposophique du terme. Au contraire, l’arbre vit selon un rythme alternant croissance à la saison chaude et repos à la saison froide. De ce fait, il y a un paradoxe fascinant à lire et à relier la croissance végétale à des rythmes appartenant au monde des vertébrés. Il ne s’agit plus dès lors de « l’enfance de l’arbre » au sens ou l’entend Colette Garraud dans son ouvrage L’idée de nature dans l’art contemporain mais bien plutôt d’un réceptacle conceptuel où se déploient les sens multiples d’une création polymorphe où il est question de métamorphose, de cristallisation, de convergences des formes minérales, végétales, organiques, de l’observation du temps et de sa fluidité motrice et créatrice de formes.

Des premières esquisses élaborées lors de ses études à l’école des Beaux-Arts de Turin à l’Ombre de l’arbre, qu’elle est donc la nature de l’arbre dans l’œuvre de Giuseppe Penone ? Historienne de l’art bien connue de nos membres, consultante en médiation culturelle, conférencière, fondatrice de l’association De l’Art à l’œuvre, Catherine Koenig est particulièrement bien placée pour répondre à la question : elle y a consacré sa thèse…

Entrée libre