Rétrospective

Molière, Lully et la comédie-ballet

Molière, Lully et la comédie-ballet

Conférence par Robert Kopp

La Troisième République a fait de Molière non seulement l’incarnation par excellence du génie français dont les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité devaient être portés dans le monde entier, fût-ce par la  force, mais aussi  un précurseur des Lumières. Il est devenu un classique pour les hussards noirs, au prix d’un répertoire réduit aux grandes comédies, Le Misanthrope, Le Tartuffe, L’Avare, Les Femmes savantes. Oubliées les farces, réputées trop populaires. Elles ne seront réhabilitées qu’après la Première Guerre, essentiellement par Copeau et son Théâtre du Vieux-Colombier. Oubliées les comédies-ballets composées pour les grandes fêtes royales, dont Molière était, avec Lully, un des grands ordonnateurs. C’est pourtant ces spectacles-là – trop onéreux pour nos scènes contemporaines – qui ont fait la gloire de Molière de son temps et qui l’on fait vivre. Mais un Molière au service de la propagande culturelle de la monarchie absolue ne cadrait pas avec l’image que l’école républicaine puis les tenants d’un théâtre populaire ont imposée pendant près d’un siècle. Les pièces écrites en collaboration avec Lully représentent pourtant un bon tiers de sa production et il a participé à l’organisation des centaines de spectacles. Ceux-ci répondent parfaitement aux instructions que Louis XIV a adressées dès 1662 au Dauphin : « Cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec nous, les touche et les charme plus qu’on ne peut dire. Les peuples, d’un autre côtés, se plaisent au spectacle (…) Par là nous tenons leur esprit et leur cœur, quelques fois plus fortement peut-être que par les récompenses et les bienfaits (…). » Domestiquer la noblesse et gagner la faveur du peuple, n’est-ce pas un des secrets de l’absolutisme ? La conférence sera suivie, mardi 8 novembre, par la projection, au Stadtkino, du Bourgeois gentilhommeversion comédie-ballet inédite par la Comédie-Française.

Robert Kopp, professeur émérite de littérature française à l’Université de Bâle, est président de la Société d’études françaises de Bâle.

En association avec la Société d’études françaises

Lieu de la manifestation

Université de Bâle, salle 115
Petersplatz 1, Basel, Suisse

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