Rétrospective

André Breton, une collection manifeste, par Jean-Michel Goutier

André Breton, une collection manifeste, par Jean-Michel Goutier

Fondation Beyeler, Riehen. Avec la Fondation, à l’occasion de l’exposition « Dali, Magritte, Miro. Le surréalisme à Paris » (jusqu’au 22/1/2012)

L’appartement d’André Breton rue Fontaine était un endroit légendaire, une véritable caverne d’Ali Baba. Multiple et unique, sa collection ne regroupait plus simplement des œuvres d’art, mais de véritables continents comme le montre le « Mur » de son atelier entré par dation au Centre Pompidou. Art populaire, art brut, art primitif, oiseaux naturalisés en vitrines, livres et manuscrits, merveilles du monde minéral, les toiles de ses amis peintres… Elle reflétait tout un monde, toute une vie d’art et d’écriture.

Longtemps les proches d’André Breton ont rêvé d’un musée ou d’une fondation pour accueillir ces trésors. Rêve inassouvi. La collection a été dispersée de par le monde, la plus grande vente aux enchères qui s’est tenue à Paris dans les dernières années à l’hôtel Drouot, dont le produit total a été estimé à 30 millions d’euros… Un prix avait été donné au merveilleux et un orage s’abattait sur l’opinion.

Comme l’expliquera Jean-Michel Goutier, « l’histoire de la collection d’André Breton est certes le témoignage emblématique de la trajectoire personnelle et passionnelle d’un « passant considérable » du XXe siècle mais aussi et surtout le miroir fidèle du surréalisme qui, en privilégiant le recours au monde intérieur et en réconciliant l’art, la poésie et la vie, a modifié le climat mental de son temps ».

Ecrivain, poète, rebelle comme il se définit lui-même, Goutier a rencontré Breton en 1964 : il venait de rentrer de la guerre d’Algérie, « dans un état de révolte proche de celui des surréalistes au sortir du premier conflit mondial ». Il fut aussitôt invité à collaborer à une exposition qui était en préparation, L’Écart absolu, la dernière exposition internationale du surréalisme qui eut lieu fin 1965. Ce fut le début de rencontres quotidiennes qui durèrent jusqu’à la mort de Breton en 1966.

Membre du dernier groupe surréaliste auprès d’André Breton, Jean-Michel Goutier fut membre du comité scientifique pour les expositions André Breton/La beauté convulsive (Centre Pompidou 1991) et Paris et les surréalistes (Centre de Culture Contemporaine, Barcelone 2006). Il a collaboré au catalogue de l’exposition La Révolution surréaliste 1919-1945 (Centre Pompidou 2002), réalisé un ouvrage d’art sur les poèmes-objets de Breton, édité les lettres de Breton à sa fille Aube (Ed. Gallimard), le volume André Breton/ Mettre au ban les partis politiques (Ed. de l’Herne), et donné des conférences en 2003 à propos de la vente de la collection Breton.

Pour cette soirée, la Fondation vient de proposer de faire un geste : l’entrée à l’exposition (25 Fr. par personne, tarif réduit à 20 Fr. le mercredi à partir de 17h) donnera droit à la conférence sans supplément. Places sans réservation: arriver bien à l’heure.